UN PERSONNAGE DE POLAR ORIGINAL : ANGOISSE ET HUMOUR MELES

UN HEROS DE ROMAN POLICIER SINGULIER DANS LA TOURMENTE =

Contraint pour cause de chômage à travailler dans une agence de détectives, façon adultère, Marcus, non-conformiste, plutôt  fantaisiste, plaisant au demeurant, nous fait partager en soliloquant ses émotions et réflexions au cours de ses pérégrinations hasardeuses.

En voici quelques exemples :

*

La mendiante, elle puait, abominablement ! Il ne put réprimer un début de grimace. Alors, de la capuche, sortit une voix rugueuse :

— Ca fait longtemps qu’vous avez des tics ?

— Rien de tout ça : juste une colique, tempéra Marcus.

— Faut pas rechigner sur l’patis, comme ça, hein ? Beau merle !

*

Bon. Y’en a pour au moins une heure ! J’en perds, encore un coup, le boire et le manger…

Alors, avec dextérité, il composa un numéro.

–Allô, Fabrice ?… Salut, c’est ton fabuleux frangin… Tu veux toujours gagner vingt roupies ?

— Des roupies ou de la thune, de nos jours avec la réclame, on n’a pas de mal à en trouver l’emploi…

— J’te donne pas tort, alors tu sautes dans ma voiture à essence et tu me l’amènes dans la rue qui longe l’hôtel du Parc, à gauche de l’entrée principale. Vu… ? […] Tu vas voir une jeune nana roulée comme un gâteau aux confitures. A ta sortie de puberté, ça ne peut pas te faire de mal…

*

Marcus saisit son joli biclou qu’il alla enfourcher, à l’arrêt, entre deux véhicules en stationnement, afin de se faire oublier. Et pendant c’temps-là, le « beau masque » et la gamine s’offraient des galipettes… quelle mistoufle ! Rester planté là, c’était tout bonnement emmerdatoire et dégoûtatif.

Tout ça pour de la finance !

*

Marcus relâcha sa respiration et, dans une sorte de réflexe, emboîta le pas à « son client ». Ce « Casanova » le ferait mourir avant l’âge !

Et ce, au moment même où l’espérance de vie augmente… Ah, ça n’a pas duré longtemps, Byzance !

D’un pas décidé, l’homme mince portant l’attaché-case noir filait vers la bouche de métro. A plus de vingt mètres, Marcus hâtait le pas.

Sûr que dans un lieu clos, on l’entendrait mon palpitant…

*

« Micmacs horribilis », un polar nerveux, un protagoniste singulier…

 

ROMAN NOIR OU THRILLER, VOICI « MICMACS HORRIBILIS »

Ou comment un détective privé, condamné aux adultères – en fait un jeune homme qui a voulu fuir le chômage – se trouve propulsé dans un monde angoissant et sans scrupules de sbires de toutes sortes qui se meuvent dans un éternel secret…

101162362

EXTRAIT :

La circulation était dense et il eut du mal à se rapprocher à la distance d’une voiture.

« Il va me faire le coup du couloir de bus, je suis bon pour me ramasser un P.V. ! »

Alors, de la main gauche, il fixa sur le toit, au-dessus de lui, un gyrophare éteint.

« Ca peut aider. »

En effet, le taxi avait pris la file de circulation réservée aux bus. Marcus laissa un second taxi serrer son confrère et colla aussitôt à sa malle arrière. Au premier carrefour, le taxi intercalé voulut se rabattre pour lui laisser le passage !

Marcus freina et lui fit signe de continuer; ce qu’il fit.

« Bel exemple de conditionnement à l’ordre public… On tient à sa licence, pas vrai ? Du coup, quel est le flic qui peut s’interdire l’abus de pouvoir ? D’autant qu’on leur a martelé qu’il est interdit d’interdire… »

Un policier en service sur le bord du trottoir se baissa pour regarder qui conduisait ce véhicule à gyrophare.

Marcus lui adressa un grand signe amical, la main levée.

« Quel métier ! »

Quelques minutes plus tard, le taxi filé bifurquait dans une contre-allée desservant des places de stationnement, ce qui contraignit Marcus à s’arrêter juste derrière lui.

« C’est dans ces cas-là que l’absence de fausses moustaches se fait cruellement sentir… Faudra remédier. »

L’homme mince claqua la portière du taxi et se dirigea droit sur un bloc-toilettes.

« Putréfaction ! Arrêt pipi maintenant ! Moralité : « Casanova » ne m’a pas emmené devant chez lui… Je suis comme qui dirait… berniqué. J’ai pas fini de lui coller au train. »

Devant lui, le chauffeur de taxi devait sûrement compter ses sous.

« Il avance ou quoi, Poil-en-biais ? J’ai pas fini ma journée, moi ! »

Le gyrophare s’alluma, se mettant à tourner tandis qu’il actionnait à plusieurs reprises les « plein phares ».

Le chauffeur fit un signe d’apaisement et, illico, dégagea la contre-allée.

L’oeil anxieux, Marcus cherchait désespérément une place libre. Voyant cela, un policier leva la main pour attirer son attention et lui indiquer un emplacement qu’un automobiliste libérait. Doucement, il fit avancer sa voiture vers la place autorisée. Sitôt garé, coupant le moteur, il s’extirpa de son siège et… alla serrer la main de l’agent ! Qui salua ensuite, un doigt au képi :

« Le gyrophare… »

Marcus se retourna et, faisant demi-tour, fit disparaître vivement l’engin à l’intérieur de la voiture puis jeta un regard vers le bloc-toilettes.

L’homme mince en sortait affublé d’un noeud papillon.

D’un geste discret, Marcus désigna l’homme au policier qui, en signe de connivence, ferma avec ostentation les yeux et se retourna vers la circulation.

L’homme au noeud papillon se dirigeait vers l’étal d’un fleuriste; il choisit une rose en bouton qu’il fixa au revers de sa veste.

Faisant mine d’attendre devant le pipi-room, Marcus observait la scène d’un regard en biais. Il hocha la tête :

« Insatiable ce « Casanova », il concourt pour le Guiness ou quoi ? »

A présent, son gibier consultait sa montre bracelet.

« Pour peu qu’il bouffe du lapin, je me fais une varice supplémentaire… »

Soudain, contre toute attente, ayant encore une fois consulté sa montre, l’homme se mit en mouvement et, d’un air déterminé, pénétra dans la banque la plus proche.

« Parole ! C’est un hold-up… Me voilà dans une foutue embrouille. »

Sitôt dans la banque, il détailla les clients pour tenter de repérer les complices possibles mais il ne voyait que des gens à l’allure de friqués, bien éloignés du profil du braqueur de cinéma. Il en conclut que le gangstérisme était en train de changer de classe sociale.

L’homme mince, lui, fricotait posément avec les formulaires mis à disposition.

« Ca sent l’orage… »

C’est alors qu’il repéra un client opulent tant par le costume que par l’anatomie. Son tour venu, le caissier le salua comme une connaissance et prit le papier qu’il lui tendait; il se leva pour disparaître dans une pièce voisine et revenir aussitôt avec un attaché-case de cuir noir qu’il remit aux mains de l’homme opulent.

« C’est maintenant ou jamais que ça va péter… »

Marcus jeta un regard de biais vers « Casanova » qui semblait avoir terminé ses écritures… Lequel se retourna et fit deux pas en direction de l’homme à l’attaché-case noir. Ce dernier, après s’être légèrement éloigné du guichet, semblait chercher quelqu’un. Soudain, se décidant, il piqua droit sur « Casanova » qui, sans s’arrêter, prit l’attaché-case qu’on lui tendait et sans un mot se dirigea vers la sortie.

Marcus relâcha sa respiration et, dans une sorte de réflexe, emboîta le pas à « son client ». Ce « Casanova » le fera mourir avant l’âge ! Et ce, au moment même où l’espérance de vie augmente…

« Ah, ça n’a pas duré longtemps Byzance ! »

D’un pas décidé, l’homme mince portant l’attaché-case noir filait vers la bouche de métro. A plus de vingt mètres, Marcus hâtait le pas.

« Sûr que dans un lieu clos, on l’entendrait mon palpitant… »

A suivre chez l’éditeur

DONNEZ-MOI VOTRE AVIS…

Mon roman à suspense en cours d’écriture… avouez que la situation de départ est particulièrement angoissante : le personnage sort d’un évanouissement pour constater qu’il a perdu la mémoire. Il se rend compte qu’il a, hormis sa petite valise, un sac publicitaire d’hôtel contenant des documents indéchiffrables et… un pistolet Beretta !

De plus, il découvre dans sa valise la photo d’une jeune femme blonde avec, au dos, une adresse rédigée de sa propre main. Dès le lendemain matin, les journaux annoncent, qu’à cette même adresse, cette jeune femme a été défenestrée… !

scare-389278__180

Le roman est écrit à la première personne du singulier.

De quoi frissonner… thriller…

Mais j’ai un gros problème de titre ! (je l’appelle le roman de l’amnésie : ce n’est pas satisfaisant)

Voulez-vous m’aider ?

c’est à lire… si vous le voulez bien

FEUILLETON DE L’AMNESIQUE : XIVème parution :

Suite de la XIII° parution :

Bon sang ! ces bagnoles qui puent, cela frôle l’overdose… Je commence à sentir mes gambettes un peu fourbues, c’est l’inaction passée, sûrement. Aussi, snober le métro, est-ce bien raisonnable ? Mais il me faut trouver un endroit pour faire disparaître ce satané sac de voyage. Et puis, je suis en reconnaissance : si, tout à coup, un quartier évoquait quelque chose dans ma mémoire perdue… ? Je ralentis le pas. Voici, là-bas, au-dessus des immeubles, le Génie nappé d’or qui étincelle sur l’azur du ciel. Bientôt la Bastoche ! L’argot me revient… tout n’est pas perdu. Ce qui me revient moins, c’est le côté tout neuf du petit Génie perché en haut de sa longue colonne ; j’avais un autre souvenir.

La place et sa traversée, une aventure où l’on risque ses abatis. On pourrait croire que chaque véhicule à moteur est habité par un forcené ! Enfin, j’atteins le bassin de l’Arsenal qui abrite les yachts des indigents… Pas encore l’endroit idéal pour noyer le sac à pub ! D’autant que, bientôt, le canal disparaît à son tour sous terre, juste avant le point de confluence avec la Seine. Là, subsiste des bribes de travaux dont ce demi-parpaing, sûrement obtenu à coup de masse. Parfait pour lester mon sac à soucis ! Sauf qu’il faut guetter les alentours… manquerait plus qu’attirer l’attention : « Qu’alliez-vous faire ? Montrez-moi donc vos papiers ! ». Un frisson me parcourt l’échine, mais il n’y a personne. Mon sac est soudain devenu bien lourd.

Passée la station « Quai de la Rapée », j’aborde le pont d’Austerlitz. Enfin, la Seine ! Tout de même agrémentée de quelques badauds. Je vais les prendre par surprise ; je hisse mon sac sur le parapet, à droite pas d’yeux sur moi, à gauche itou : je le pousse d’un coup sec et… je reprends ma balade, l’oreille tendue. Plouf ! Pas d’exclamations, une tête se penche au-dessus de la Seine ; c’est tout. L’effacement est en route.

Les brumes de la mémoire

Au bout du pont, devant moi, le Jardin des Plantes. Oui ! le long bâtiment de briques qui le longe me parle. Je suis déjà venu à cet endroit, mais c’est si lointain. Et puis, mon estomac se manifeste avec insistance. Face à la gare d’Austerlitz, je vais bien trouver une gargote. Gagné ! Enfin, gagné… ce doit être une gargote de luxe, au moins de demi luxe quant aux prix.

La commande passée, j’observe à deux tables devant moi un client qui bâfre, tant il est aux prises avec son estomac. A un moment, tout de même, il lève la tête pour jeter un œil sur la rue. Misère, il présente une vieille cicatrice qui lui barre toute la joue ! Instinctivement, je porte la main à mon cou, pourtant toujours couvert par mon foulard. Une suée m’envahit. Image prémonitoire ? Lui a dû prendre un coup de tesson de bouteille ; moi, c’est moins profond. Quand bien même, me voilà ramené à mon état d’assassin suspecté… Si bien que l’entrée servie, je me sens beaucoup moins rabelaisien ! Mais la bête reprend le dessus et, le bâfreur parti, le saumon aux lentilles vertes me redonne un peu de courage.

Me voici de nouveau à la rue. Après une journée somme toute bien remplie, je décide de m’éloigner de la gare en quête d’un petit hôtel modeste. Je n’ai pas dû choisir la bonne rue car je marche depuis un certain temps et… ah ! si : devant moi, à trente mètres, « l’hôtel de la Paix », tout ce qu’il me faut !

-Oui… ? monsieur bonsoir…

Il a l’air bonhomme, le réceptionniste, mais ne va-t-il pas me demander mon nom ? ma carte d’identité ? J’ai beau me raidir, mes jambes flageolent. Pourtant, j’ai bonne allure avec ma veste fantaisie et ma petite mallette !

-Prenez la 6, fait-il en me tendant la clef.

Je remercie d’un signe de tête et grimpe dans la piaule désignée. Ouais, modeste, c’est le mot juste mais je viens y dormir pas organiser une réception.

J’ai fait l’acquisition, dans une petite boutique avoisinant le restaurant, d’une de ces ceintures pour globe-trotteurs, destinées à garder son liquide sur soi. En fait, j’en ai achetées deux, compte tenu de l’épaisseur de ma liasse. Et ça ne suffit pas ! Mais, avec trois ceintures, c’était la silhouette Bibendum assurée et… l’incognito massacré. Reste donc une partie du capital exposée plus encore qu’en Bourse… « Au voleur ! au voleur ! à l’assassin ! au meurtrier ! Justice, juste Ciel ! je suis perdu, je suis assassiné, on m’a coupé la gorge, on m’a dérobé mon argent… ».  D’où me vient cette tirade ? Je me revois, en bonnet de coton, braillant et gesticulant à qui mieux mieux sur une scène de patronage. « L’avare » de Molière ! Quel âge je pouvais avoir ? Ce souvenir me réconforte, je n’ai pas perdu toutes mes racines.

*

Bonne nuit, d’où bon pied, bon œil. Mais toujours cette sourde angoisse concernant ce trou noir dans mon passé. Cet argent. Ce Beretta. Cette balafre. C’est ce qui me pousse à chercher un quartier parisien qui réveillerait des souvenirs. Au bout de la rue Buffon, la mosquée, puis la rue Censier, la rue Monge traversée, la rue Mouffetard qui me ramène au bas de l’avenue des Gobelins. Et, là-haut, la place d’Italie ! Cela m’évoque quelque chose, la place d’Italie. Pourtant je ne la reconnais guère… Me voilà à la naissance de la rue Bobillot. Cette entrée du numéro DEUX, je m’en souviens, j’en ai le cœur qui tape. Avant de pénétrer à l’intérieur, je dois respirer à fond. Je suis peut-être à deux doigts de retrouver mon nom, l’appartement de mes parents. Cependant, l’entrée est verrouillée ! Je suis décontenancé, je cherche un secours douteux autour de moi… or, le passant passe. Et soudain, miraculeusement, l’huis s’ouvre libérant un habitant. Je m’engouffre fébrilement à l’intérieur ; ces moulures du couloir me parlent. Par contre, plus de porte à petits carreaux avec son rideau brodé masquant l’intérieur… et la concierge embusquée. Un panneau plein la remplace. Je déchiffre le tableau des locataires : pas un nom qui me soit connu ! C’était au deuxième, j’en suis sûr. J’y grimpe, je sonne : nulle réponse. Tout a changé… Découragé, je m’assieds à même les marches.

Je retrouve la rue, dépité. Il me reste l’image de mon école élémentaire. C’est par là, je crois…  La voilà ! Oui, c’est bien elle, je la reconnais avec ses briques de couleur sable relevées de motifs décoratifs en briquettes rouges. Un décor que je trouvais lassant à l’époque. Jeunesse… Je pénètre discrètement à l’intérieur par la porte principale. Pas de concierge présente mais, vient d’apparaître, une femme à l’air assurée qui me toise tout en se dirigeant vers moi. Elle a la tête de qui a échappé son œil de verre dans le café du matin. Pas le bon jour ! Excepté si l’on a des raisons de croire que c’est d’origine congénitale, ce qui n’est pas mon cas. Jour ou pas jour, je vais devoir faire avec.

– Bonjour madame, vous êtes madame la Directrice ?

– Vous êtes perspicace !

– Voilà : j’ai été élève dans votre établissement, il y a de cela longtemps…

– Pas loin de vingt ans, si je ne m’abuse.

– Peut-être un peu moins…

– Comment cela : vous n’avez pas idée de l’année précédant votre sixième, ce saut qualitatif ?

Je jette un regard vers ce hall toujours désert mais peu propice aux confidences.

-Madame la Directrice, je peux vous parler en particulier ?

Sans un mot, elle me guide vers son bureau.

– En vérité, madame, je suis amnésique.

– Amnésique, comment cela amnésique ? Quel est votre nom ?

Je balbutie : « Je ne sais pas… »

– Qu’est-ce que vous attendez de moi, au juste ?

– Peut-être, à partir d’une photo de classe, de retrouver mon nom… une date …

– Il est inouï ! Elles sont archivées les photos de classe, par année. Vous arrivez, le nez au vent, quoi ? quinze ans après, au bas mot ! avec pour toute référence : « Voyez ma tête ».

– Et les instits ?

– Les instituteurs ? C’est un métier où l’on vieillit vite, jeune homme. Quand bien même aurait survécu un vieux grognard, vous n’auriez aucune chance de le reconnaître ! Vous abusez de mon temps et de ma patience.

Elle a déjà ouvert la porte de son antre quand elle avise la concierge, de retour.

-Madame Grimaldi, veuillez raccompagner ce monsieur.

Une fois sur le trottoir, j’observe maintenant d’un œil hostile cette façade de briques ; elle comporte vraiment un aspect rébarbatif… Je me sens soudain abattu. Des murs partout ! Celui de la police d’abord qui pourrait m’apprendre mon nom, mais en échange d’un cachot ! Celui de l’immeuble retrouvé aux locataires tous disparus ! Enfin celui de l’école, fermée à toutes recherches ! Ce double échec m’a profondément barbouillé l’estomac… Je comptais tellement sur les possibilités que recélait mon école élémentaire ; essentiellement des photos : d’un instit, d’un copain, de ma frimousse de l’époque… Je n’avais pas prévu cette mégère renfrognée, jalouse de l’espérance des autres. C’est égal, quelle douche !

Voir la suite….

L’EDITION CONSTITUE UNE KYRIELLE DE MARCHES DE NICHE

Quelle sorte de romans écrivez-vous, me demande-t-on. Des polars ? En vérité, ce terme est trop général, on y inclut tant de genres différents.

Si vous recherchez un roman policier dont l’intérêt réside uniquement dans la résolution d’un mystère (par un amateur dilettante ou bien un policier), lesquels résolvent l’énigme par le raisonnement, vous ne trouverez pas ce genre dans ma production. Cette déduction froide, purement intellectuelle, se développe au détriment de l’émotion; façon  logique, logique, logique, à la Sherlock Holmes ou à la mode Hercule Poirot. Un genre qui fait dire – méchamment – à Raymond Chandler que le roman policier classique est réservé « aux vielles dames des deux sexes ou sans sexe du tout. »

A l’inverse, existe le roman policier sans énigme, illustré par l’extraordinaire « Crime et châtiment », où le lecteur partage les angoisses de Raskolnikov, l’assassin connu dès le début, pourchassé par Porphyre, le rusé policier. On retrouve cet intérêt de la traque dans les « Mémoires de Vidocq ». Là, on peut déceler une filiation avec mon « Mortifère l’actionnaire ! » où l’on tremble avec les jeunes hors-la-loi qui ont franchi le pas, poussés par l’injustice sociale. Le suspense est à son comble.

london-1069217__180

A mi-chemin, on peut distinguer les romans dans lesquels l’énigme s’efface devant la traque; je pense à Arsène Lupin, personnage inspiré de l’action de l’anarchiste Marius Jacob qui ne tuait pas  et volait exclusivement les riches.

Cela nous amène à la prise en compte de l’argent sale et de l’omnipotence de la corruption. Alors, viennent à l’esprit Sam Spade et Philip Marlowe, les « privés » américains; dans leur monde, les meurtres sont tous dus à l’argent, au pouvoir qu’il confère, à la quête de ce pouvoir. L’irruption du pouvoir dans l’énigme (qui passe au second plan derrière l’environnement réaliste) fait songer à mon « Micmacs horribilis » et aux déboires de son jeune privé, peu préparé aux vilenies des hommes de l’ombre.

Il reste, dans ma production, une curiosité du point de vue de la conception du roman policier : celle où le tueur (en série, du fait de sa nature même !) se trouve être un virus ! Prisonniers de la forêt primaire africaine, les personnages éprouvent une angoisse apparemment sans issue, guettant, horrifiés, le prochain contaminé ! C’est une longue nouvelle intitulée « Dix jours pour mourir ». Dans ce même volume, l’autre texte étant « Mortelle tricherie », où l’accusé, seul contre tous, doit prouver son innocence. Frayeurs en tous genres…

 

 

LES ENLEVEMENTS CELEBRES : Hanns Martin SCHLEYER

LE PASSE DE HANNS MARTIN SCHLEYER (1915-1977)

Il adhère d’abord aux jeunesses hitlériennes puis rejoint les SS en 1933.  Après l’Anschluss, c’est-à-dire après l’occupation de l’Autriche par les nazis en mars 1938, il accède au poste de Président  du corps étudiant à l’université d’Innsbruck. Plus tard, il fait partie des responsables de la politique d’extermination en Tchécoslovaquie occupée.

On le retrouve en 1951 chez Daimler-Bens (?). Il parvient à devenir Président à la fin des années 1960. Et alors, devient responsable de plusieurs organisations patronales.

Recouvre trop de buts différents

A Cologne, le 5 septembre 1977, il est enlevé par la Fraction Armée Rouge; son garde du corps et deux policiers y perdent la vie. C’est à ce moment de ma lecture que se produit la perturbation ! Je lis que le convoi de Schleyer « butte sur un landau renversé sur la chaussée ». Je suis stupéfait : sans jamais avoir lu ce détail (ni d’autres à propos de cet enlèvement), j’ai précisément imaginé l’utilisation d’un landau dans la séquence de l’enlèvement de mon polar « Mortifère l’actionnaire ! ». C’est à peine croyable ! Vous n’êtes pas obligés de me faire crédit mais cette découverte me bouleverse. Je dois respirer un grand coup et avaler un verre de cognac (pas de schnaps, non merci !)

Je reprends mon histoire : dès le 6 septembre, les kidnappeurs exigent la libération de onze prisonniers faisant partie de la première génération de la lutte idéologique, cette « bande à Baader » née du refus du capitalisme, de la guerre du Viet-Nam mais aussi des insuffisantes criantes de la dénazification, dont Schleyer est un exemple probant. Pour sauver sa peau, on se souvient de ses appels au sens « de la responsabilité ». Restés sans réponse.

Voici que le 13 octobre, un Boeing 737 de la Lufthansa est détourné par quatre pirates de l’air palestiniens qui réclament la libération des mêmes onze membres de la Fraction Armée Rouge (+ 15 millions de $). Après une errance d’aéroports en aéroports, l’aventure s’achève à Mogadiscio, cinq jours plus tard, par un assaut réussi des services spéciaux. Ce 18 octobre, c’est également la date de l’exécution de Schleyer, le gouvernement restant intraitable.

Bien que tout autant dramatique, mon intrigue n’a rien à voir avec cet enlévement en Allemagne. Reste une situation angoissante que je résume par l’expression « un roman policier de la traque ». Propice au suspense !

Aux éditions Hélène Jacob…

Voir chez l’auteur…

 

FEUILLETON TOUJOURS : Xème parution du ROMAN DE L’AMNESIQUE

SUITE  DU  FEUILLETON =

Tout en mastiquant, je les observe à la dérobée. Ils prennent garde de ne pas se coucher avec leurs vêtements de jour ; pour autant, leurs effets ne sont pas reluisants mais, parmi la chiennerie vestimentaire d’aujourd’hui, c’est tolérable. Vais-je devenir comme eux ? Pour l’heure, ils me sauvent ; qui viendra me chercher dans ce bourg fantôme… ? De toutes façons, je reste aux abois ! Eux n’ont pas l’air de se biler ; pourtant, selon toute apparence, aucun boulot ne les attend. Comment se nourrissent-ils ? Et quelle sera leur réaction quand ils vont s’apercevoir que j’ai perdu la mémoire… ? Et puis, ils connaissent mon magot !

L'errance de l'amnésique

  • Il a de l’appétit, le Pascal !

La critique de Guère Mieux m’extirpe de mes soucis.

  • Tu ne vas pas lui reprocher sa nourriture : il est notre hôte, réagit Ravachol.
  • Faut pas que ça s’ébruite, c’est tout.

Il ne désarme pas le petit bossu.

  • Tu sais qu’on mange là des œufs maison, déclare Tobacco pour changer de sujet. On a deux poules dans le pavillon que tu voulais cambrioler ; il m’adresse un sourire amical qui dévoile une bouche édentée et reprend : enfermées dans une pièce, on les lâche dans le jardin où elles se nourrissent, entre autres, de vers de terre.
  • Et un peu de grains… qu’on chaparde, précise Rava avec un geste d’excuse.
  • Vous ne lui dites pas tout à votre invité.

Penchant la tête, Guère Mieux regarde tour à tour ses deux acolytes :

  • Notamment ce qu’on risque avec des décollages multiples. C’est comme ça qu’a commencé l’exode des habitants du vieux Goussainville. Toi , Pascal, tu dors sur tes deux oreilles mais, ici même, en 1973, un Tupolev s’est écrasé dans le centre de Goussainville : huit habitants tués, quinze maisons détruites !
  • Arrête, intervient Rava, c’est un Tupolev qu’avaient bricolé les Russkoffs pour augmenter ses performances afin de rivaliser avec le Concorde.
  • Parce que tu crois qu’on est jamais survolé par des avions russes ?

A ce moment, un avion frôle la maison dans un bruit épouvantable.

  • Celui-là a réussi à s’en sortir, raille Tobacco.
  • Bon, allez, au turbin !lance Guère Mieux.

Je ne comprends plus et jette un regard interrogateur à Ravachol :

  • Ils ont un travail ?
  • Que non. Ils vont aérer les poules dans le jardin de la maison que tu connais.
  • Et puis, on s’occupe du jardin potager, des semis, des châssis, précise Tobacco avec fierté.
  • Un vrai taf, mon pote ! renchérit le petit bossu.
  • C’est un jardin dissimulé derrière les hautes broussailles d’une nature proliférante. Faut s’organiser, tu saisis ? m’explique Rava.

Emballé, je m’exclame :

  • Vous pourriez faire les maraîchers…
  • Il est de bon conseil… raille Guère Mieux.
  • On sait ce que valent les conseilleurs ! approuve Tobacco.
  • T’as une idée de ce que représente une patente ? articule avec irritation le bossu.

Ravachol intervient encore afin de calmer les esprits :

  • Ils vont te sortir un formulaire te demandant le prénom de ton grand père, et puis si tu as fait de la taule, où t’habites…

Je me fais évasif :

  • Ah… oui…
  • Tu savais pas ? fait Tobacco, soupçonneux.
  • Et toi, tu gagnes ta vie comment ? attaque Guère Mieux.
  • Ben, tempère Ravachol, c’est connu : au Beretta !

Il essaie une nouvelle fois de me sauver la mise. Je prends un air navré :

  • Je sais bien que les apparences sont contre moi
  • Penses tu !
  • Explique toi…poursuit Tobacco d’un ton adouci.

Je suis coincé, comment faire comprendre ce que je suis dans l’impossibilité de découvrir mon passé ! Je dois avoir l’air lamentable :

  • Je ne peux pas…
  • Trop facile ! réagit le bossu.
  • Vous avez fini, tranche Ravachol, de faire les flics, les copains ?

Les jardiniers partis, ce dernier me dit en guise d’invite :

  • Tu ne te rases pas ?
  • Je fais comme tes copains.
  • Moi, non !

Il pend à un clou une assez grande glace puis fait chauffer de l’eau. Je songe tout de suite à mon foulard : l’enlever, c’est révéler ma balafre ! Pendant que Ravachol se fait un visage lisse, j’hésite ; tôt ou tard, il faudra bien que je fasse toilette et, ce matin, sans la présence des deux autres, se pourrait être l’occasion… Je vais me raser !

  • Après moi, si tu veux…

Rava sort de la pièce pour jeter l’eau savonneuse de la petite cuvette et réapparaît avec de l’eau propre.

  • Nous nous sommes bricolé une petite citerne, m’explique-t-il, hier, elle s’est régalée !

Je hoche la tête, songeant à l’aveu imminent. Ca y est, l’eau est chaude. Je prends mon rasoir, ma crème et je fais glisser mon foulard… je pense idiotement « comme on dévoile une plaque commémorative… ». Ravachol n’a encore rien vu. Je me savonne, toujours rien. Je commence à attaquer la joue gauche…

  • Mazette ! l’estafilade… Puis, se reprenant : excuse-moi, je n’ai pas à le savoir.
  • Je me suis griffé en dormant…
  • C’est le risque des nuits agitées, plaisante mon hôte.

J’ai la main qui tremble dangereusement pour continuer à me faire la barbe. Enfin, la cuvette rincée, la balafre masquée par le foulard entortillé deux fois autour du coup à la façon des blédards, me voilà opérationnel.

Mais l’homme aux cheveux de neige estime que mon magot pose un problème. Je le pense aussi ! Il me pousse à trouver une cachette afin de le soustraire à toute convoitise. Une cachette que je serais seul à connaître. Pour coffre, il me propose une boîte à gâteaux en fer, plate, de couleur terne.

  • Je te laisse fouiner dans la maison. Je serai sous la véranda.

J’ai trouvé presque tout de suite : c’est du fixé, c’est du lourd, c’est un radiateur de chauffage central dans un angle sombre de l’une des anciennes chambres ; la boîte se glisse entre le mur et lui d’une façon idéale. Et je rejoins Rava.

– Je préfère ne pas exciter la cupidité. Pas de bisbille entre nous, mieux vaut ne pas s’entre-dévorer ! L’argent…

– J’essaierai d’aider, lui dis-je, laconique.

A  SUIVRE…

ROMAN DE L’AMNESIE : Vème – en feuilleton :

Après une bonne dizaine de minutes de marche, la voilà la place Vauban. Ronde, arborée, banale. Face au numéro 6, de l’autre côté de la rue, sur la place, une petite troupe de badauds stationne. Je m’approche, l’air de rien puis m’arrête auprès d’eux, observant la façade. Rien ne me revient, mémoire morte. Belle façade claire au décor néo-rocaille (réminiscence !). Je remarque l’élégante ferronnerie ouvragée du mini-balcon du 6ème étage en complète contradiction avec le drame qui s’y est joué ! A présent, la porte-fenêtre est refermée. L’accueillante entrée de l’immeuble ne me laisse, elle non plus, aucun souvenir…

Soudain, je me sens épié. Par ce type, un peu à l’écart, à face robotisée ! Visage figé d’entre les figés. Le bonhomme est banalisé au point qu’il ne surprendrait pas équipé d’un vieux sac à provisions. Je n’aurais pas dû venir ici, la flicaille est sur le pied de guerre. Mais aussi, comment me sortir du trou noir ? Rien ne me revient à l’esprit. Il faut que je m’extirpe de ce guêpier… Soudain, j’ai pris une décision, je fonce droit sur l’immeuble… et entre dans la boulangerie au rez-de-chaussée du bâtiment contigu. Repéré pour repéré… « El Figé » n’a pas bougé. Pris de doute ? Je m’installe à la petite table réservée aux dégustations sur place. Me voici armé d’un croissant, pas vraiment dissuasif ! Je suis bel et bien dans la nasse. Pourquoi ne pas aller visiter la concierge, tant qu’à faire. A moins que « l’Inquisiteur » de service se dise qu’aucun assassin ne serait assez bête pour se mettre dans une situation pareille. Ce mot d’assassin me fait m’étrangler ! On m’apporte un verre d’eau. Décidément, c’est un festival pour me faire oublier. Mais « El Figé », là-bas, a dû me classer dans les fausses pistes congénitales : il semble s’intéresser à présent aux maniaques de la photo souvenir. Je sors mine de rien et j’enfile le trottoir qui m’éloigne du numéro fatal.

Sans but. Je marche sans but dans cette ville inconnue. Qui pourrait m’aider ? Qui ? J’aperçois une enseigne résolument verte qui clignote tant et plus dans le jour printanier. Une pharmacie… mais oui, cette pharmacienne qui m’a enveloppé de sa voix chaude. Il me faut la retrouver, elle pourrait me conseiller quant à cette page blanche de ma mémoire. Je m’ouvrirais à elle, sans fausse honte… enfin, en omettant ma balafre. Un poids me pèse soudain sur les épaules. Je dois me bousculer pour m’approcher d’un plan de ville dressé comme une sucette. Les pharmacies y sont figurées par une croix verte ! Donc, de proche en proche, en s’orientant… Si encore elles étaient moins nombreuses. Avec de la patience, bonhomme, allons-y !

pharmacy-312139__180

C’est la sixième où je fais chou blanc. Je commence à prendre conscience de l’état de mes plantes de pieds. Pourtant, en prenant cette rue en biais, le plan indiquait une autre officine par là… Hardi petit. L’ennui, c’est que je n’ai aucun souvenir de l’environnement de celle que je cherche. Aucun. J’émergeais alors… Je ne reconnaîtrais que la boutique.

A la dixième, je laisse tomber mon postérieur sur la bordure du trottoir, les pieds dans le caniveau à sec et j’attends, vidé. J’ai l’impression de poursuivre une chimère. Je n’y arriverai jamais. Je suis seul à me débattre dans un monde d’indifférence. J’en ferme les yeux.

  • Ca ne va pas, monsieur… ?

Je lève la tête pour découvrir le bon samaritain :

  • Une fois cuté, pas d’ennui ; vous voulez essayer ?

Je ne peux décidément pas m’empêcher de faire le mariole. Refroidi, la quidam entame une prudente retraite. Comme s’il devinait à qui il a affaire… L’allusion me fait rentrer la tête dans les épaules ; tel l’escargot dans sa coquille. Je resterais bien là jusqu’au soir.

  • Il ne faut pas stationner comme ça, mon gars, il convient de circuler.

La maréchaussée ! On n’attendait qu’elle… Je les vois venir : « Vos papiers, s’il vous plaît ! » J’en fais une crampe d’estomac. Au lieu de quoi :

  • Vous ne vous sentez pas bien ? Vous voulez qu’on vous conduise à une pharmacie ?

C’est ça, une pharmacie… Du sadisme à l’état brut. Je me redresse avec une difficulté certaine… Ils s’éloignent… J’évite de les suivre !

Je déambule d’une manière hésitante qu’on dirait un pochard. Et bizarrement, ça me donne soif ! Je ne vais tout de même pas entrer dans ce rade… et si.

  • Bonjour Messieurs-Dames.
  • Non, monsieur, non ! me fait le barman derrière son comptoir. Vous ne croyez pas que vous avez assez bu ?

Je ne crois pas, non, je suis même certain du contraire. Quelle misère ! Je pivote sur moi-même et… je fais une embardée. Bon, inutile d’insister. Les apparences sont encore contre moi. Réclamer un verre d’eau serait vécu comme une provocation, à coup sûr.

Je reprends ma quête et cingle bientôt vers un plan de la ville. Là, une croix verte ; si j’emprunte la première rue en sifflet à main gauche… Ah, cette fois, la voilà ma pharmacie ! avec, en vitrine, son mannequin accablé de bandages. Oh, mais elle ferme, la dame est en train de verrouiller la grille.

  • Madame… madame…

Elle tourne la tête et paraît me reconnaître :

  • Que faites-vous ici ?

Elle semble plutôt ennuyée.

  • Madame, il faut que vous m’aidiez : j’ai perdu la mémoire, jusqu’à mon nom… je n’ai aucun papier sur moi… je suis…

Le mot « perdu » ne franchit pas mes lèvres. Elle me toise, presque glaciale ; hier est bien loin. !

  • Qu’est-ce que je dois faire ? Vous pourriez m’aider ?
  • Vous avez refusé l’hôpital ! C’est consulter qu’il vous faut.

Il est bien altéré le baume de la vois féminine… Elle a déjà en main ses clefs de voiture et s’éloigne nerveusement. Que puis-je faire ? Pas la suivre comme un toutou. Pas non plus la supplier. Je reste là, planté, la tête vide. Fourbu. Crevé.

Je ne saurai jamais comment j’ai regagné l’hôtel. Les plans de la ville, sûrement. Titubant de fatigue, je me contrains à une courte pause à la vue de mon « palace », d’abord pour m’assurer de l’absence de « Pied d’grue », et puis pour m’éviter une rebuffade du genre de celle subie avec le barman. Bien que petite, ma mallette m’embarrasse ; je m’appuie à un gros platane de façon à me faire oublier. Aucun danger apparent, rien de suspect… Je m’avance d’un pas que je ne voudrais pas trop chancelant. Une fois dans la place, le réceptionniste semble m’examiner avec perplexité, puis la mémoire lui revient :

  • Vous avez du courrier, monsieur.

Le cœur me manque. Du courrier… J’ai maintenant dans les mains ma clef de chambre et une enveloppe blanche, cachetée. Je ne peux me retenir de grimper l’escalier quatre à quatre pour regagner ma carrée. Là, je décachète sans ménagement l’enveloppe : j’y trouve une feuille de papier à lettres pliée… ouverte : elle s’avère vierge ! Je m’assieds devant le minuscule bureau accolé au mur. C’est pire qu’une missive anonyme, c’est une menace larvée, générale, intrigante. Mais qu’est-ce qu’on me veut ? Mes yeux errent sur les murs… puis reviennent à ce tableau qui fait penser à un Miro malhabile – tiens, Miro, un peintre que j’aimais bien, un souvenir sauvegardé : ma mémoire reviendrait-elle ? Pourtant ce n’est pas Miro qui m’intrigue mais son allure de guingois. Franchement de guingois. La femme de ménage souffrirait de Parkinson ? Je n’avais rien remarqué ce matin.

A cet instant, mon poignet heurte le tiroir du petit bureau insuffisamment repoussé. Par réflexe, je l’ouvre en grand constatant sa vacuité. J’ai la forte sensation de répéter des gestes qui ont été accomplis il y a peu… Je me lève pour examiner le dos du tableau puis je corrige sa position. J’inspecte la pièce, la minuscule salle-de-bains m’attire, j’y découvre ma brosse à dents jetée dans son verre, poils en bas. Pas dans mes habitudes. Encore la femme de ménage ? Ma trousse de toilette est sens dessus dessous… on a fouillé ma cambuse ! La penderie aussi a été visitée : deux cintres gisent au sol. Et le lit, le lit a été refait à la hâte, même que l’oreiller a été salement malaxé ! La police ? Je suis en point de mire, je ne vais pas pouvoir fermer l’œil de la nuit. Et je suis crevé… Soudain, j’avise la chaise du petit bureau et, avec elle, je bloque la porte de la chambre en coinçant ladite chaise obliquement, comme au cinéma ! Encore un souvenir, confus… En occultant la fenêtre, un violent frisson d’angoisse me secoue.

A SUIVRE…

SUITE DU ROMAN DE L’AMNESIE…

Suite… du début du roman

Je sens alors une main délicate me relever le visage. Je découvre une femme en blouse blanche, blonde… enfin fausse blonde, encore jeune, au sourire agréable que dément le regard intense qui me vrille. Mon malaise s’accentue. Une impression de déjà vu – plutôt de déjà vécu – monte en moi. Puis s’estompe avec une lenteur inexorable.

La foule est restée à la porte de l’officine. Regards inquisiteurs. Seuls sont entrés le déguisé et le robuste gars décidé qui m’a traîné jusque là.

Avec dextérité, la « blonde » a enserré mon bras dans une sorte de brassard de toile et presse déjà sur une poire de caoutchouc qui lui est reliée. Sensation d’étau. Cela aussi m’évoque quelque chose de connu…

  • 9-5, la tension est un peu basse mais rien de catastrophique, dit-elle aux deux autres. Puis, revenant à moi :
  • Comment vous sentez-vous ?
  • Flapi, dis-je, sans conviction.

La femme en blouse s’accroupit devant ma chaise.

  • Faites-moi face, regardez mon doigt…

Elle le fait aller à droite, à gauche, en haut, en bas.

  • Pas de vertiges ?
  • Non pas.
  • Vous devriez vous faire examiner à l’hôpital, reprend le baume vocal.

J’esquisse un geste de dénégation. En se relevant, ma « blonde » se tourne vers le déguisé…

  • Dans ce cas, mon rôle est terminé, articule l’homme bleu à la casquette tonitruante.

Et, sans plus de cérémonie, il sort emmenant le gars robuste à sa suite. A ce moment, j’aperçois une deuxième femme en blanc, plus jeune, moins jolie, qui m’observe depuis le comptoir comme elle le ferait pour un animal préhistorique…

  • Voulez-vous qu’on appelle un taxi ? intervient ma blonde salvatrice.
  • Un… un taxi… je répète quasi hébété, c’est que je voudrais surtout… ne pas avoir à traverser cette foule…
  • Oui, c’est ça, un taxi, conclut-elle tout en saisissant sur son comptoir un objet de teinte pastel.
  • Allo… ?

person-802075__180

Le chauffeur s’est retourné vers moi :

  • Où on va, gentleman ?

Je fuis son regard. Derrière les vitres du taxi des paires d’yeux me dévisagent. Machinalement, pour me donner une contenance, je fouille dans une poche de ma veste, puis dans l’autre. Ah ! un morceau de papier. Je l’extirpe pour y lire : 2 B 573

  • C’est l’adresse ? fait le chauffeur dont l’œil commence à devenir soupçonneux.

Ne sachant que faire, je le lui tends..

  • Qu’est-ce que c’est ? Il lit puis plante son regard dans le mien : Vous êtes muet ?

Ca c’est une idée !

  • Hum… j’acquiesce.
  • C’est un code d’immeuble… ou un numéro de consigne, votre affaire, réfléchit-il, radouci. Oui, p’tête une consigne de gare…

Il me jette un regard interrogateur :

  • C’est à la gare ? C’est ça ?
  • Hum…

De nouveau, j’acquiesce ; comment faire autrement ? Avec, dehors, toujours ces yeux de rapaces qui me guettent.

  • O.K. boss !

Et le taxi glisse en avant.

A SUIVRE…

AUJOURD’HUI, JE ME POUSSE DU COL !

mountains-839540__180

C’était mon premier livre aux éditions Hélène Jacob, et l’on pouvait lire :

« Deux histoires à l’ambiance très particulière, servies par une belle plume. »

Youpi ! Pensez-donc ! J’étais dans l’état d’esprit de vider ma cave de tout son champagne… en totale divagation étant donné une cave par trop déserte. Les forces de raison m’ont retenu à temps. Elles durent cependant se coaliser ! Car « Je m’voyais déjà… », les trompettes de la renommée… et cetera. Non, mais ça va pas ?! Comme quoi le corbeau de La Fontaine, hein… ? Il est toujours là, et bien là !

Néanmoins, il y a un mais :

On n’écrit pas pour la gloriole. On écrit poussé par l’envie de s’exprimer par le verbe, de peaufiner l’histoire qui vous trotte dans la tête. Avoir recours à l’émotion – joie, rire, surprise, peur, angoisse – pour entraîner son lecteur là où l’on désire l’amener représente en soi un processus complexe…

Au demeurant, cela offre la possibilité de mettre en évidence, par le biais de la fiction, des ressorts cachés de la société que semblent ignorer nombre de nos contemporains. En quelque sorte, de la pédagogie en supplément.

D’autre part, durant la période d’écriture nous nous transportons ailleurs, dans un environnement qu’on a choisi, aussi bien géographique que mental. C’est un surplus d’existence que nous nous octroyons… et que nous offrons au lecteur. Alors, quand je lis au sujet de « MICMACS HORRIBILIS » :

« Un nouveau polar qui fait la part belle à l’ambiance et aux personnages à forte personnalité […] ambiance et plume toujours aussi originales. »

… moi, à votre place, je lirais illico et je surferais